La non-linéarité et l’hétérogénéité naturelle des SI des entreprises européennes est un facteur accélérateur de l’hybridation des systèmes dans le cloud. C’est une des conclusions qu’ont pu tirer les participants au dîner organisé par IDC en collaboration avec VMware by Broadcom à la mi-mai 2024. Intitulé « Comment reprendre le contrôle de son infrastructure et devenir son propre fournisseur d'environnements cloud ? », cet événement a cristallisé les ambitions ainsi que les enjeux de groupes français, aux prises avec des stratégies d’évolution de leur SI complexes vers des modèles cloud qui doivent être en adéquation avec des besoins métiers, eux-mêmes pluriels et disparates.
Cette complexité est au cœur des préoccupations des entreprises et capte une grande partie des budgets IT en Europe, tout comme en France. Une récente étude IDC a montré que 26% des entreprises en Europe dépensaient la majorité de leur budget IT dans le cloud hybride. En France, les efforts semblent plus distribués, puisque cette part atteint 23%. Toutefois, les entreprises françaises font face à un patchwork de technologies cloud ou on-premise (voir graphique ci-dessous), aujourd’hui essentiel pour trouver un équilibre, se donner de la flexibilité pour répondre aux différents cas d’usage et enfin innover sur leur marché.
Les principaux environnements IT qui captent la majorité des budgets IT en France
Aucun des invités au dîner d’IDC et de VMware by Broadcom n’ont contredit ce constat. Ce grand spécialiste de la grande distribution, par exemple, fonctionne historiquement dans un monde très décentralisé où chaque pays évolue à son rythme, avec sa propre DSI, ses propres systèmes et configurations. Un environnement ultra disparate qui impliquait une perte de contrôle, imposant donc une recentralisation de l’IT et la mise en place d’une stratégie cloud menant à la convergence. Toutefois, cette forte décentralisation impose d’avoir une approche incrémentale en matière de Move-to-Cloud, par parcelle et par pays. Tout en sachant que « les pays n’ont pas évolué à la même vitesse », soutient son responsable. « Notre stratégie est lente mais la surface est gigantesque », résume-t-il. La démarche Move-to-Cloud a été initiée en 2018. 80% des 4.000 applications ont été portées sur GCP notamment Google Cloud VMware Engine, Azure et OCI (Oracle Cloud Infrastructure).
Même disparité chez cette entreprise du transport public dont le modèle opérationnel mondial lui impose de se confronter à une multiplication des technologies d’infrastructure, agrégées notamment par le biais d’acquisitions. Le passage au cloud (chez AWS) représente ainsi une façon de « rationaliser et faire le ménage », rapporte son responsable.
Le constat diffère quelque peu chez ce groupe bancaire pour qui le Move-to-Cloud rime d’abord avec la centralisation afin d’améliorer la scalabilité des applications pour mieux servir les métiers. A cela s'ajoutent les contraintes d’une infrastructure vieillissante. « On ne pouvait plus la mettre à jour. Nous sommes passés à VMware Cloud Foundation », explique le responsable. Son vaste chantier consiste ainsi à proposer un catalogue de services comme peut le proposer un hyperscaler par exemple. Le groupe maintient notamment un cloud privé VMware, en parallèle d’un second cloud, motorisé par des technologies open source (opéré et maintenu par une équipe dédiée). Aujourd’hui, l’infrastructure VMware supporte l’activité de 16 entités avec 40.000 VM. Le service est centralisé à 98% et bénéficie d’une offre commune à l’ensemble des « clients » internes. 80% des métiers du groupe utilisent aujourd’hui le cloud VMware.
Enfin, pour cette société de 10 000 personnes, spécialisée dans les services aux entreprises de la construction, la démarche cloud s’adosse surtout au SaaS, bâti sur Office 365. Pour le reste, l’entreprise dispose de 500 VM dans son datacenter en propre. Autre culture et autre usage donc.
Compétences et coûts comme principaux défis, des interrogations sur la souveraineté
Il reste évidemment des points bloquants. D’abord ceux inhérents à la phase de transition. Les entreprises les plus décentralisées souffrent de niveaux de budgets disparates en fonction soit de géographies soit d’entités métiers. C’est par exemple le cas du spécialiste de la grande distribution. Cela a aussi été souligné par la société de services du monde de la construction.
La grande banque pointe du doigt la sécurité des systèmes qui impacte la souplesse de la mise en œuvre et de l’expérience des clients et plus particulièrement des équipes de développement. Pour le spécialiste de la grande distribution, l’absence de solutions cloud spécifiques freine encore la transformation de certains systèmes, citant notamment les AS/400 ou encore les mainframes.
Mais l’absence de compétences et la difficulté à trouver les « bons » talents, associés à un manque de stratégie demeurent encore les points qui fédèrent les témoignages. « La gestion des talents et le maintien des compétences, c’est ce qui fait le succès d’une transition vers le cloud », ajoute un responsable VMware. La technologie ne devrait ainsi représenter qu’un moyen pour exécuter une stratégie.
Restera enfin à aborder une dimension essentielle, présente sur l’agenda de nombre de participants à ce dîner : la souveraineté. C’est évidemment une question de réglementations. « Aujourd’hui, les DSI sont surtout contraints par les réglementations. Cela est difficile à suivre », lance le responsable du groupe de transport public. D’ailleurs, « ces réglementations amènent à repenser le cloud ». Quitte à s’interroger sur la difficulté même d’assurer une forme de conformité avec le cloud : « Avec le cloud, ne renonçons-nous pas à la souveraineté de nos données et ne représente-t-il pas une perte de contrôle son SI », lance à son tour le responsable d’une grande enseigne du monde du bricolage et de la décoration.
Surtout, et c’est un point clé, la souveraineté est une notion qui n’a pas de sens pour les entreprises qui ont un périmètre et des implantations internationales, s’accordent à dire l’ensemble des entreprises du dîner dont le modèle est global et, donc, décentralisé
Inscrire le cloud dans une stratégie de gouvernance d’entreprise
Toutefois, s’il existe fil conducteur entre ces témoignages, ce serait celui de la nécessité de placer le cloud au cœur d’une stratégie d’entreprise. « Le cloud doit être porté par tous les responsables des entités d’une entreprise » reprend la responsable d’une société spécialisée notamment dans le numérique de confiance. « Qu’allons-nous chercher ? Quel est le ROI ? Quels sont les usages ? » interroge encore un participant au dîner, illustrant la nécessité pour l’entreprise de sécuriser le support des métiers au sein d’un programme global. Par effet de rebond, cela impose également aux entreprises de s’interroger sur l’organisation même de la DSI et de la culture « Public cloud vs on-premise » de la société, affirme encore un cadre de VMware.
Parmi les stratégies en place ou en cours, il ressort de ce dîner que la mise en place de Digital Factory ou de projets avancés en matière de données contribuent à avoir une démarche structurée en matière de Cloud, mais aussi d’en accélérer l’usage. C’est par exemple le cas pour ce grand compte du Retail. Surtout si cela s’inscrit dans une extension, voire une refonte, du modèle économique de l’entreprise : pour ce spécialiste de la grande distribution, le passage à un modèle davantage bâti sur le serviciel représente un accélérateur du numérique et de son moteur, le cloud.
Reprendre la main sur sa stratégie cloud : la position actuelle de VMware
Dans ce contexte, les entreprises demeurent particulièrement sensibles aux évolutions du marché et des écosystèmes avec lesquelles elles doivent composer. VMware by Broadcom a ainsi positionné son offre pour servir de plateforme centralisée à l’ensemble des configurations choisies par les entreprises, qu’elle soit cloud privé, public, hybride ou pas, et pouvoir naviguer à travers elles. L’idée est de pouvoir favoriser la reprise en main par les DSI de leur SI dans des environnements pluri-technologiques de plus en plus complexes. « Notre approche permet en optimisant les coûts de répondre à l’ensemble des cas d’usages IT des entreprises (IA, Applications modernes, sécurité renforcée…) tout en ayant la capacité de changer d’orientation en matière de cloud, tant privé que public », lance VMware, soulignant qu’il s’agit là de reprendre la main sur le cloud.
C’est dans cette optique que Broadcom a annoncé un programme de simplification de son offre avec des évolutions fonctionnelles importantes grâce notamment à un investissement de plus d’un milliard de dollars.